Un mariage à Venise (second épisode, le premier ayant été publié le 18 avril de cette année…)

 

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Voilà,  tout est dit,  pense-t-il,  il a joué cartes sur table,   il a fixé son budget,   important certes, mais dans les limites de ce qu’il peut offrir sans se mettre en danger tout en préservant son estime de lui-même.   Il a été clair.   Il n’ira pas au-delà.   Il craignait leur réaction,  il en avait les mains moites,  le cœur qui battait  trop vite et trop fort.   Mais la future belle-famille a très bien réagi.   Ils ont dit qu’ils comprenaient,   ils lui ont assuré qu’il ne devait pas s’en faire.   Il en a conclu qu’ils allaient prendre l’essentiel des frais en charge…

Il est rassuré.   Il a encore gagné !   Il se sent si heureux,   si fier de lui.    Son fils va  avoir un mariage hollywoodien,   lui sera à l’honneur,   il recevra les invités en grand seigneur,   en homme qui a réussi.    Il se voit déjà gorgé de champagne, déguisé en noble vénitien, invitant la belle-mère à danser  dans un palais romantique près du pont des Soupirs au son  d’un orchestre baroque.   Ah il n’appelle plus cela « le grand barnum »  maintenant qu’il sait qu’il en tirera la gloire sans pour autant en assumer  les frais.    Il sait par son fils que la fortune de la belle-famille est colossale et  ce sont eux qui veulent  ce déploiement de luxe.    N’est-il pas normal que ce soit eux qui paient ?    Lui se serait contenté d’un mariage en Belgique,  comme tout le monde…     Mais tout le monde n’envoie pas son fils étudier la finance à Stanford…  Tout le monde n’a pas un  fils, si beau,  si brillant.  Ne mérite-t-il pas un tel mariage ?   Après tout,   ce qui arrive est dans l’ordre des choses.

Il se sent léger et plein d’enthousiasme.   Il en parle à ses amis et lit l’envie dans leurs yeux. Généreux,   Il les réconforte en les invitant pour la grande fête,  tous frais payés bien entendu.   Il a presque retrouvé l’allant de sa jeunesse.   Ses affaires s’en ressentent et son chiffre d’affaires est à la hausse.   Dans la foulée,  il s’offre une Rolex.    C’est qu’il se sent de plus en plus important,  il gonfle comme une outre !

Quand a lieu le mariage déjà ?  Dans un an tout juste.    Tiens ne faudrait-il par réserver les lieux ?  Il lui semble que rien ne se prépare.    Son fils a le même sentiment.     Il avoue à son père qu’il a dû batailler avec ses beaux-parents pour fixer la date car eux reportaient sine die…    Décidément,  ces riches  n’ont pas les pieds sur terre,   ils ne connaissent pas les contraintes de la réalité.    Heureusement que son fils est là pour les leur rappeler…

Voici qu’il  rentre justement.   Il paraît très énervé.    Une contrariété dans la banque où il travaille ?

Non ce n’est pas cela.   Voilà, dit-il, que les beaux-parents ergotent sur le coût du mariage.   Il croit rêver.   Ils dépensent sans compter pour le moindre de leur caprice,   Aurore ne porte que des vêtements de couturier et voilà qu’ils deviennent pingres  pour son mariage !    Père et fils n’y comprennent plus rien.   Bon,  ce n’est qu’une lubie.   Cela va leur passer.  Satanés riches,   ils sont exaspérants !

D’ailleurs ce dimanche on célèbre les fiançailles et ce n’est pas le moment de gâcher la fête en créant des conflits.   Le temps est au beau en ce mois de juin et la grande maison des beaux-parents est décorée de centaines de fleurs,   le parc  s’orne de guirlandes multicolores et les serveurs circulent entre les tables.    L’ambiance est au plus haut grâce aux nombreux amis d’Aurore et de son fils revenus des quatre coins du monde pour l’occasion.    Seule ombre au tableau,   la présence de son neveu,  un chômeur,  un bon à rien, qui le dérange d’autant plus qu’il lui rappelle d’où il vient.    Il l’évite avec soin.

La  semaine qui suit,  il plane.   Comme il se sentait à son aise dans tout ce luxe,   surtout que la belle-famille avait  proclamé qu’elle prendrait tous les frais  en charge.    Mais une grosse contrariété survient.    Un client important lui fait savoir qu’il rompt ses contrats.   Quelle poisse !   Il  est à terre,   il n’en faudrait pas plus aujourd’hui.   Soudain son gsm envoie une petite sonnerie,  celle qui annonce l’arrivée d’un sms.     Il regarde.    C’est la belle-mère.    Elle a envoyé en quelques lignes le décompte des fiançailles.   C’est énorme.   Et elle lui demande de régler la moitié…

 

A  suivre…

4 commentaires sur « Un mariage à Venise (second épisode, le premier ayant été publié le 18 avril de cette année…) »

  1. Ben il est quelque peu sorti de sa réserve en faisant comprendre sans le dire que bon il avait u ne limite, lui. Et eux ont fait comprendre sans le dire qu’ils avaient compris, ha ha ha. Tout le monde est dans le flou, mais en tout cas les parents de la casta e ricca diva commencent à chicaner!

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